Communiqué du 12 Octobre 2018

Hier, jeudi 11 octobre, la police est intervenue en force pour permettre au chantier de la Soleam de s’installer sur la place Jean Jaurès. Plus de 100 policiers pour défendre les camions qui amenaient les plots en béton.
Les défendre contre qui, contre quoi ? Des habitants, habitués, mais aussi des forains et des commerçants qui contestent depuis trois ans ce projet sur le fond et qui continuent à demander un autre type de rénovation respectueuse de l’existant.
Hier, c’était donc bien le dernier marché, avec l’arrivée des machines.
Les opposants au projet, de tous âges et horizons, à visage découvert et sans violence, ont essayé d’arrêter les camions, ils ont été poussés et provoqués par les policiers. Puis gazés à répétition. Aux dernières nouvelles, plusieurs personnes blessées par la police et cinq personnes interpellées.
L’installation des plots a quand même pris tout l’après midi, pendant que de plus en plus de monde se rassemblait à la Plaine en soutien. Mais l’énergie de la lutte n’a cessé de grandir et dès que les machines et les CRS sont partis, les plots ont été déplacés à la force des bras et la place ré-ouverte !
Les pavés utilisés par les habitants pour bloquer les camions, ont été remis à leur place, pour montrer encore une fois qu’on tient à ce quartier, qu’on souhaite l’améliorer et qu’on n’acceptera jamais de le voir détruit par ce chantier Attila.
La Mairie n’écoute personne, aucune critique n’est prise en compte par ces élus qui ne parlent qu’entre eux et n’agissent que pour des enjeux de pouvoir et d’argent .

L’assemblée de la Plaine appelle toutes celles et tous ceux qui sont opposé.e.s à cette politique municipale faite de violence et de projets mortifères pour la vie de quartier à réagir !

Assemblée générale sur la Plaine ce soir à 18h
Grande manifestation demain, samedi 13 octobre, à 14h
Rdv au Cours Julien

L’Affaire de la Plaine sous le regard de Jaurès

Depuis 2015 on assiste à des concertations et rendez-vous qui ont donné lieu à des dialogues entre sourds et muets, pas un signe pour être conciliant, juste une semaine pour étudier d’autres modalités et démarrer les travaux. Si personne ne s’est posé la question de ce que penserait Jean Jaurès dont la Plaine porte le nom, au vu de son parcours et de ses engagements, ce grand défenseur des ouvriers en lutte et de l’unité des forces politiques et syndicales de gauche doit se retourner dans sa tombe, parce que la place que les Marseillais lui ont attribuée est aujourd’hui entre les mains de la Société Locale d’Équipement et d’aménagement de l’aire Métropolitaine (SOLEAM), une société publique locale dont l’esprit capitaliste ne laisse aucun doute avec les quelques millions d’euros que son président, Gérard Chenoz, a obtenu de la municipalité. Que dis-je ? Auprès de Gaudin et de son régiment d’élus de la majorité, les mêmes qui font des passe-droits aux promoteurs qui dénaturent Marseille, même quand il s’agit de vestiges qui marquent notre histoire, les mêmes qui délèguent nos services publics à des entreprises privées qui n’ont aucun scrupule à fournir une eau non potable aux habitants d’Air Bel, d’endetter les Marseillais avec leur Partenariat, Public et Privé (PPP) pour construire les écoles de nos enfants… La liste est tellement longue, de l’Estaque à la Pointe Rouge, en passant par VALMER !

Jean Jaurès doit se retourner dans sa tombe en apprenant que la place qui lui a été consacrée, à juste titre, pour accueillir le Marseille populaire va devenir, un marché pour quelques privilégiés et laisser sur le carreau 350 forains qui y travaillent, de génération en génération, depuis plus d’un demi-siècle. Il pouvait, sans doute, de là où il est, observer ce joli mélange de populations, tous les mardis, jeudis et samedis de la semaine. Dès 2015 et à la première lecture du document de travail de préfiguration des projets, notre Jean Jaurès aurait de son vivant, parfaitement identifié l’esprit capitaliste du président de la SOLEAM. Ce dernier veut défendre ce marché emporté pour la coquette somme de 10 millions d’euros, et, en traitant de «poignée d’irresponsables », sous la coupelle d’une certaine Marise Louise Lota, ces petits commerçants qui depuis plus d’un demi-siècle sont à la fois le cœur et le poumon de la plaine. Monsieur Chenoz manifeste son mépris à l’égard des 350 responsables de familles qui travaillent dur et qui se lèvent tôt le matin, trois fois par semaine pour subvenir à leurs besoins, entre autre des pères et des mères, qui sont sous le régime social indépendant (RSI) et qui ne bénéficieront donc pas d’une assurance-chômage, mais qui continueront à payer des charges sociales. En tenant de tels propos et en supprimant de nombreux emplacements, cette droite dirigeante n’a eu aucun sens d’Humanité. Jaurès n’aurait certainement pas accepté un tel écart et il aurait été au sein des cortèges des différentes manifestations organisées depuis trois ans pour dénoncer l’injustice faite aux habitués de la plaine, aux forains auxquels, à chaque négociation, on retire entre 40 et 70 places depuis 2015.

Jeans Jaurès, ce grand orateur aurait parlé au nom :

– des riverains nés dans ce quartier
– des forains de la plaine
– des syndicats non sédentaires des Bouches du Rhône
– du collectif des tables de la plaine
– de l’assemblée de la plaine
– de tous les Marseillais du nord au sud de l’est à l’ouest qui soutiennent le maintien du marché de la plaine

Jean Jaurès aurait plaidé, d’un grand Oui pour la rénovation des travaux (plus d’espace vert, un jardin pour les enfants, de la place pour les vélos…) ; Jean Jaurès aurait plaidé d’un grand Non à la suppression de 350 emplacements, au tri et de la mise en place de seulement une partie des forains, divisant les membres d’une même corporation en trois dont une risquant de disparaître les dénommés « journaliers » ; Jean Jaurès aurait surtout insisté pour que soit maintenue la diversité d’un lieu emblématique qui réunit toutes les classes sociales et où la diversité des produits proposés caractérise bien ce mélange, qui fait la richesse d’une mixité sociale à l’image de Marseille, à l’image du combat qu’il a toujours porté.

Nouriati DJAMBAE
Adjointe au maire du 8eme secteur -Mairie du 15-16
En charge de l’emploi, du développement économique et numérique
Conseillère métropolitaine Aix Marseille Provence