par JEAN-PHILIPPE VAZ
Comment ne pas être en colère après l’effondrement de deux immeubles en plein centre ville de Marseille?
Nous sommes au lendemain de cette catastrophe qui n’a rien de naturelle et à l’heure où les pompiers et secouristes fouillent encore les décombres des immeubles effondrés à la recherche de survivant(e)s et de victimes, mon émotion est toujours aussi grande ainsi que ma colère…
A deux pas de la Plaine où la mairie, la Soleam, la préfecture de police ont employé les gros moyens (1000 tonnes de murs de béton de 2,50 de haut pour un coût de 390.000€ et l’envoi quotidien de compagnies de CRS-pour quel coût?) pour imposer par la force un projet controversé depuis 3 ans, des immeubles, que ces mêmes autorités savent vétustes, voir inhabitables, se sont effondrés sur les pauvres/précaires vivant dans le quartier de Noailles…
Marseille doit être une sorte d’exception Française (voir Européenne/mondiale), en effet le centre ville n’est pas (encore?) réservé à celles et ceux ayant les moyens et de nombreux quartiers sont populaires, peuplés par des personnes que la mairie souhaiterait voir être « remplacés » par d’autres au pouvoir d’achat plus en phase avec l’idée qu’ils/elles se font de Marseille…
Je vais « mettre les pieds dans le plat »…J’accuse la mairie (et celles et ceux qui y ont un intérêt financier) de laisser sciemment (et cyniquement) ces quartiers se délabrer afin de justifier l’éjection de cette population et son remplacement…
Sur la Plaine, c’est une dizaine d’années de laisser aller de la mairie (entretien de la voirie, des arbres, éclairage, déchets, etc) qui ont précédé ce « fameux » projet de « requalification » à 20 millions d’euros HT (il était annoncé à 11,5 millions au départ), à Noailles c’est « l’institutionnalisation » des marchands de sommeil et/ou de propriétaires n’effectuant aucun travaux (mais encaissant « loyers » et charges) et la gentrification par « petites » touches (la Soleam est maître d’œuvre de l’édification d’un hôtel 4 étoiles jouxtant le petit marché-dernièrement rénové-et les rues adjacentes emplies de commerces à petits prix de nourriture de tous les continents) qui est à l’œuvre…
Si vous vous promenez dans le quartier de Noailles, vous y entendrez tous les idiomes, y verrez toutes les couleurs de peau, respirerez les diverses odeurs d’épices et de nourriture et ce, très proche de « l’aseptisé » Vieux-Port (sur lequel chacun(e) pourra noter l’absence d’arbres par exemple et le peu ou absence d’équipement public-bancs, toilettes, points d’eau)…Cette « tache » (du point de vue de la mairie) que constitue le quartier de Noailles est intolérable, comme l’est la contestation du projet de « requalification » de la Plaine…
A chaque manifestation que nous avons mené depuis 3 ans contre cette « requalification », nous avons entonné un « la Plaine, Noailles, même combat » lorsque nos pas nous menaient à proximité (la Soleam a ses bureaux en face de l’hôtel en cours d’édification) de Noailles et le drame qui vient de toucher ce quartier ne peut être déconnecté de l’immense responsabilité de la mairie quant aux divers drames quotidiens que vivent de nombreuses personnes dans divers quartiers de la ville (certains n’ont plus accès à de l’eau potable depuis des dizaines d’années, par « exemple »)…
Ecrire est un exutoire, pour autant ma colère (et celle de nombreuses personnes de Noailles ou d’ailleurs) est immense et ne s’éteindra pas et la mairie (et ses complices) vont payer très cher leurs actes immondes…
Honte à eux…
Résistances…