(Re)construire la plaine – Appel à récup’

Ils détruisent, on (re)construit. Appel à récupération de matériaux, plantes, inventions de tous types pour reconstruire la Plaine de nos rêves et de nos réalités… Dimanche (après midi).

Ça fait une semaine que les travaux auront bientôt débuté.
Après le carnage de mardi, la répression, les réactions,

La plaine continue de vivre. Hier encore avec le tournoi de foot, aujourd’hui le volley, demain la manif et le banquet.

Mais, chaque matin, moins nombreux, plus de flics, de visibilité, et comme ce matin (vendredi), un pas de plus est franchi dans la stratégie de la table rase voulue par la municipalité et son bras très armé. Ce matin, le kiosque (bâtards…) et encore un arbre arrachés à la plaine.

Mais, depuis trois jours aussi et une certaine flambée de palettes à la nuit tombée, les machines, les bolosses de tous genres ont laissé la place à peu près au calme après 15h… Retrait de tout ce que la plaine ne veut pas, nous laissant seul(e)s un temps.

Et pourtant, à la nuit tombée, et même un peu avant, souvent, on s’ennuie. ça se voit, ça s’entend, on se cherche, on cherche, hier à retourner à 100 un bloc de béton, avant hier se croisant et se recroisant jusqu’à redescendre penaud(e)s.

Mais l’énergie est bien là. Une corde sortie, 100 personnes la remuent, un bout de bois coupé, deux autres qui le taillent. On n’a pas tous les savoir-faire, ou les mêmes les uns que les autres, mais l’envie, l’énergie, elle, est bien là. Et attend un peu, un peu trop en ce moment.

Car le temps libre qu’on nous laisse, évidemment consacré à se reposer, panser les plaies ou suivre les camarades arrêtées, doit nécessairement servir à reprendre le terrain qu’on nous vole le matin. Ou le préparer.

Ce qu’ils nous laissent, reprenons, utilisons pour faire vivre, autrement, la place.

Beaucoup pensent qu’occuper ou construire est voué à l’échec vu le malin plaisir à détruire de ceux, celles d’en face.

Beaucoup d’autres disent qu’il est difficile de voir l’alternative dans le carnage organisé sans une vraie image d’un avenir plus radieux, moins odieux.

Une chose est sûre : les usages de l’espace en chantier sont eux-mêmes déjà récupérés, vivifiés.

La plaine à venir n’est pas loin.

La fin des grilles annonce des bancs collectifs, et pourquoi pas des ombrelles sensationnelles, ou des chaises cimentées sur la place désormais libérée ; les pavés peaufinent munitions bien sûr mais bacs à fleurs géants, maisons de transit pour qui veut ; la plage de sable sous la plaine des potagers, des pièges à camion de chantier grandeur nature (comme un certain camion pompier en galère sur le sable dépavé, encore un effort, un trou plus grand !).

Et puis voilà, ça s’emballe… Les kiosques sont reconstruits avec les matériaux récupérés dans les décombres de leur violence mortifère, des tranchées creusées aux quatre coins d’une plaine qui revit, où les passages pour piétons sont réouverts et les blocs de chantiers repeints aux couleurs du grand « looool ce chantier de b…ip », les appuis des grilles enfin découpées accueillent de nouvelles structures souples à ombrelles coulées dans le béton et en bois peints, les kiosques et terrasses de café rouvrent, accueillent pour certains des soupes populaires, les petits lieux s’y invitent chaque semaine, ouvrent des annexes et des buvettes en soutien aux inculpé-e-s sur la place, la récupération des déchets dans les grands bacs construits avec les pavés de la place sert de stockage de munitions et de rempart aux incursions policières gratuites, mais aussi de matière première pour oeuvres d’art brut dédiées au schlagistan éternel, et laisse surtout propre, net comme un sou neuf l’espace pour jeux d’enfants qui croit démesurément sur l’espace libéré des voitures et des grilles de la place… Les miradors qui se dressent en lieu et place des arbres déchus, dans le sang de la plaine, laissent bientôt place à leur propre désuétude et à leur abandon, vestiges d’un temps troublé, après celui en rase campagne (justement) du projet par une municipalité apeurée entre temps exilée et accueillie comme il se doit à Aix-en-Provence…

Bref, peu importe nos envies et nos désirs, (re)construisons la plaine à nos images avant qu’ils ne la détruisent. Pour les en empêcher, en apportant chacun des trucs récupérés pour la journée des (non)travaux du dimanche.

Appel à venir armées de matériaux en tous genres pour la (re)construction de la plaine.

Ce dimanche après midi (et tout le temps en vrai).

Solidaires avec la Plaine, 2 ouvriers abandonnent leur poste

(source mars-infos.org)

Le 16 octobre, lors de la première journée du massacre à la tronçonneuse des arbres de la Plaine, deux intérimaires ont décidé de quitter leur poste, de ne pas jouer le jeu, de ne pas participer à la démolition du quartier. Retour sur la condition des ouvriers du chantier…

Dégoutés de travailler à massacrer les arbres et à participer à la démolition du quartier, deux intérimaires embauchés par AGILIS/NGE ont tombés leurs chasubles fluos en fin de matinée et ont quitté le chantier. Le fait d’être hués par le quartier et la honte de travailler avec les flics à fait rapidement resurgir leur conscience de classe.

Ce n’est pas évident d’abandonner le boulot, de ne pas ramener d’argent à la maison, et de se faire radier de la boîte d’interim sans doute aussi. Mais c’est pourtant ce qu’on fait ces deux ouvriers. Depuis deux jours, le quartier salue leur acte, et nombre d’habitant.e.s tentent d’expliquer aux autres ouvriers qu’ils peuvent, eux aussi, décider de ne plus subir. Il a même été proposé par les opposant.e.s de se collecter pour les éventuels futurs grévistes ou démissionnaires, de les inviter à manger et boire un coup !

Mais pour l’instant pas d’autres candidats… Deux intérimaires fanfaronnent même en faisant les « bonhommes » du chantier, en assumant une pseudo-fierté à détruire la vie du quartier, et en commençant à assumer des rôles de petits-chefs zêlès à donner des ordres à leur collègues d’infortune. Les autres ne semblent pas fièros, mais continue le travail sans moufter.

Pourtant, ça ne pas doit être psychologiquement facile d’aller embaucher tous les matins à 6h à Marignane pour NGE, la multinationale du béton des Bouches-du-Rhône, de bosser la journée entière protégés par des CRS qui gazent et matraquent, et de voir pleurer les mamies du quartier. Surtout que le bétonneur AGILIS/NGE/GUINTOLI, avide de gros pognon, n’embauche que des intérimaires avec des contrats d’un mois. Autrement dit des contrats de merde payés des miettes. Le chef de chantier de la NGE lui s’en met plein les fouilles. Et ses patrons n’en parlons pas. Mais, pour autant, il poussera ses ouvriers à la productivité. Il ne leur donnera aucune sécurité particulière. Et il passera, comme ce 16 octobre, à deux doigts de beaux accidents de travail. Un retour intempestif de lame de tronço à quelques centimètre de la guibole d’un des ouvriers sans protection. Et un arbre qui a failli tomber sur 4 CRS !!

Il est toujours temps d’aller chercher un autre taf ! Le « droit de retrait » existe ! La dignité aussi ! Et, a minima, comme dit le proverbe : « À mauvaise paye, mauvais travail ! »

 

Plaine de Cris (Les cris urbains – 2018)

Plaine de Cris (Les cris urbains – 2018) / Artéfacts de notre mémoire collective résistante / Lutte de la Plaine.

 

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